Liste des publications et communications

Revues nationales avec comité de lecture

Havet, H. (2023). The underlying structure(s) of Japanese numerals: the case of kyuu ‘9’ and zyuu ‘10’. Phonological Studies, 26 , 3–10. ISBN: 978-4-7589-2026-1.

Les mots complexes numéraux en japonais, tels que ik-kai ‘1 fois’, huta-ri ‘2 personnes’ ou san-ton ‘3 tonnes’ présentent de nombreuses alternances morphophonologiques (par exemple, de la gémination, du voisement, des épenthèses, etc.). Bien que ces alternances aient été plutôt bien étudiées en phonologie générale du japonais, peu de travaux ont porté spécifiquement sur ces phénomènes quand ils se produisent dans les mots complexes numéraux. Dans cet article, nous nous intéressons au cas des numéraux kyuu ‘9’ et zyuu ‘10’. La forme de surface de ces deux numéraux ont une voyelle longue. Toutefois, ces derniers ont un comportement différent. Kyuu ‘9’ présente parfois une forme sans l’élément palatal ku ‘9’ comme dans ku-zi ‘9 heures’. Le numéral zyuu ‘10’ est souvent assimilé. Quand il est assimilé, la consonne initiale du classificateur est géminée et la voyelle passe, de manière optionnelle, de /u/ à /i/ comme dans zyuk-kai ~ zik-kai ‘10 fois’. Les études précédentes ont tenté d’expliquer l’alternance ku ~ kyuu ‘9’ en utilisant différentes règles (par exemple la formation de la glide, l’allongement vocalique, etc.) comme dans Lawrence (2004). Pour expliquer les alternances zyuu ~ zyuQ ~ ziQ ‘10’ il a été proposé deux structures sous-jacentes, comme dans McCawley (1968). En nous appuyant sur une base de données originale contenant plus de 3 000 mots complexes numéraux, cet article tente de démontrer que kyuu ‘9’, ku ‘9’ et zyuu ‘10’ sont trois structures sous-jacentes distinctes. Accès

Labrune, L, Havet, H. (2023). Japanese numeral complex words with a native classifier: phonological insights. Phonological Studies, 26 , 31–42. ISBN: 978-4-7589-2026-1.

Dans cet article, nous comparons 23 noms natifs pouvant à la fois être employés seuls et qui fonctionnent également comme classificateurs. Nous comparons leur comportement quand ils apparaissent dans des mots complexes numéraux et dans des mots complexes déterminatifs. Nos résultats indiquent que le comportement de ces noms diffère en ce qui concerne la gémination, le rendaku, la p-isation et l’accent. Nous remarquons en particulier que les mots complexes numéraux reçoivent un accent pénultième ou son inaccentués quand ils ont une valeur adverbiale. Nous proposons que ces mots complexes ont un accent post-lexical quelles que soit leurs propriétés phonologiques. En outre, nous émettons l’hypothèse que ces mots complexes sont composés de deux affixes, sans radical. Accès

Chapitres d'ouvrage

Havet, H. (2025). Le numéral ‘4’ en japonais : processus et motivations des variations de prononciations. In S. Couralet, L. Labrune & C. Shirota (Eds), Linguistique coréenne et japonaise: dynamiques contrastives, 284–298. Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux.

Dans un premier temps, nous nous proposons de retracer l’évolution des prononciations de 四 ‘4’ en japonais. Il est souvent dit que l’évitement de la prononciation sino-japonaise shi ‘4’ serait dû à son homophonie avec shi ‘mort’. Or, les sources semblent indiquer que cette prononciation a continué d’être employée au moins jusqu’au début du XXe siècle. Nous montrons que la prononciation  native yo ‘4’ a été employée comme variante de shi à partir du VIIIe siècle, avant le développement d’une nouvelle variante, yon, vers la fin du XIXe siècle. Yon a d’abord intégré le langage familier avant de s’imposer dans les milieux militaires et technologiques, vraisemblablement pour des questions d’intelligibilité. Dans un deuxième temps, nous étudions la répartition des diverses prononciations de '4’ en japonais moderne. Il semblerait qu’aujourd’hui, la prononciation shi n’est pratiquement plus employée. Yon, bien que de formation plus récente, semble toutefois avoir acquis le statut de prononciation par défaut et elle est aujourd’hui largement la plus courante dans les préconisations dictionnairiques. Yo apparaît aujourd’hui pour l’essentiel comme une variante de yon. Enfin, dans un troisième temps, nous nous intéressons à l’origine morphologique de yon. Yon est généralement considéré comme une création néologique construite à partir de yo ‘4’ et san ‘3’. Nous entendons montrer qu’il pourrait aussi s’agir d’un cas d’augmentation prosodique, phénomène courant dans les adverbes par exemple, et que l’on retrouve plus marginalement avec d’autres numéraux.

Revues sans comité de lecture

Havet, H. (2024). Le jeu du shifumi : analyse d’un emprunt linguistique du japonais au français, 37–45. Etudes françaises, 33.

Dans cet article, nous nous proposons de retracer le cas d’un emprunt linguistique : celui du mot japonais “shifumi”. Alors que les sources grand-public expliquent que shifumi est un acronyme formé par apocope à partir de hito-tsu ‘1’, futa-tsu ‘2’, mit-tsu ‘3’, nous suggérons une nouvelle piste qui nous semble plus probable. Le mot proviendrait selon nous des trois premiers numéraux de la liste d’énumération native : hii..fuu..mii ‘1.. 2.. 3..’ qui est particulièrement employée dans le monde de l’enfance. La prononciation shi dans son adaptation francophone, trahirait, selon nous, une origine tokyoïte, liée au dialecte des marchands de la capitale. Il est donc possible que l’on ait entendu ce chant lors de parties de temari (jeu de balle) aux abords de la capitale, ou bien dans certaines variantes du janken (nom japonais du jeu pierre-feuille-ciseau), qui contient, pour sa formule d’introduction saisho wa guu, janken pon ! de nombreuses variantes. Accès

Communications

Havet, H. (2025, August 13). Adopting a usage-based approach to describe alternations and instances of variation occurring in Japanese numeral complex words. Usage-based approaches to phonology, University of Oregon, Eugene, OR.

Dans cette présentation, nous proposons une approche basée sur l’usage du voisement et de l’alternance h~p se produisant après san ‘3’ et yon ‘4’ dans les mots complexes numéraux en japonais. Ces deux phénomènes présentent une importante variabilité. Alors que jusqu’à aujourd’hui les études ont tenté de rendre compte de ces alternances de manière systématique et en s’intéressant principalement à la structure sous-jacente, nous proposons une approche opposée en prenant en compte les paramètres suivants : la fréquence et l’évolution diachronique. Ces éléments nous permettent, en nous basant sur des données dictionnairiques, de montrer qu’alors que le voisement semble non productif et de plus en plus limité à quelques cas très fréquents en occurrences, l’alternance h~p est quant à elle productive et se maintient. En outre, nous montrons que dans certains cas la réalisation de p après yon '4’ se fait par analogie avec san '3’. Enfin nous terminons en proposant une modélisation de l’entropie pour tenter de prédire la réalisation de l’alternance h~p.  Accès